En résumé…
Compagnie française de matériel de chemin de fer (Ivry)
Marché du 15 avril 1931
1932 : mise en service
Pour exploiter des lignes à trafic limité, la CMP commande des remorques mixtes 1re/2e classe, au début des années 1930. Cette capacité était bien suffisante sur les lignes les moins importantes.
Dans les années 1960, la remorque ABm.5 est déclassée en voiture de 2e classe, comme d’autres voitures mixtes devenues trop nombreuses. À la création des petites lignes 3bis et 7bis, elle est reclassée et roule jusqu’à sa réforme en juillet 1981.
D’abord préservée par un ferrailleur en vue de la revendre, elle est finalement acquise, en mauvais état, par l’Ademas en 1998.
Elle est repeinte et remise en état de circulation en 2005, puis restaurée complètement en 2016.
Table des matières
Des origines à la fin de service voyageur
L’Album du matériel roulant, édité par la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris (CMP) en 1939, et réédité par RATP en 1960, illustrent l’état inchangé des origines à nos jours de cette voiture de la série ABm.1 à 53, renumérotée AB.5201 à 5253, en 1936. De subtiles variantes techniques et esthétiques existent toutefois entre les différentes sous-séries.
Cette vue d’une « collègue », la ABm.22, à l’usine de la compagnie française du matériel de chemin de fer à Saint-Denis (Seine), illustre ce concept.
Fraîchement livrées aux ateliers de Choisy, en 1933, une ligne de voitures mixtes, arbore un bien gros « 2e classe » en haut de caisse afin d’encourager les voyageurs rétifs !
Au début des années 1960, ces voitures mixtes en si grand nombre avaient perdu leur utilité. Aussi, une partie d’entre elles furent « déclassées » en seconde classe. La porte d’intercirculation est supprimée et l’ensemble de la voiture peinte en vert au-dessus de la tôle émaillée.
La ABm.5 fera l’objet de ce traitement et circulera ainsi une dizaine d’années.
Puis, dans les années 1970, avec la création des petites lignes 3bis et 7bis, le besoin se présente à nouveau. Aussi, une couche de peinture rouge est refaite sur la partie déclassée, et la porte d’intercirculation est remontée.
C’est la ligne 3bis qui accueillera la ABm.5 jusqu’à sa réforme, avec la fin du Sprague-Thomson sur la ligne 3bis, en 1981.
Une sauvegarde indécise
Pourtant mise de côté comme l’une des dernières survivantes de cette série originale, en 1990, on décide de s’en séparer, à l’occasion d’une réforme d’autres véhicules.
Contacté, l’entrepreneur de démolition se ravise : il va conserver les trois voitures (dont la ABm.5) pour les revendre entières à un meilleur prix, plutôt que sous forme de ferraille broyée !
Mais à l’époque, il en voulait 250 000 francs… (environ 38 000 € de l’époque) et personne n’en voudra !
Huit ans plus tard, et après deux ans de tractations, les véhicules gênant dans l’entreprise, tout ça, tout ça… le casseur finit par les lâcher pour la modique somme de 60 000 francs (9 150 € tout de même !), rassemblés entre amis, membres de l’Ademas.
La lecture de Modes & Travaux ne sera pas suffisante pour rendre sa splendeur d’antan à la remorque mixte ABm.5.
Une voiture du métro de Paris… en Mayenne !
En juin 1998, la voiture arrive en Mayenne, premier site de sauvegarde ayant accueilli l’association.
L’été suivant, elle transporte les adhérents sur les quelques centaines de mètres de voie posées par les membres de l’association.
En 2001, l’éclairage est remis en marche !
Avec l’accueil de l’Ademas au Camp des Matelots, elle est destinée à être mutée à Versailles pour y être promptement rénovée et assurer le service de la rame verte.
C’est un véhicule d’aspect très malheureux qui est transporté. Il ne faut pas s’y fier… les portes ont été préalablement démontées afin de commencer sans tarder leur rénovation : les bas de portes étant corrodés, ils sont remplacés par des kits de réparation dont l’association s’est fait fabriquer une petite série.
« Grande révision » extérieure
En 2004 et en 2005, la caisse est entièrement grattée et repeinte, les câbles de continuité et d’éclairage sont changés, les attelages et tamponnements démontés et révisés.
Les travaux de 2004 sont réalisés dans un gigantesque hangar, sans eau ni électricité mais, dès l’année suivante, l’association est autorisée à utiliser un autre hangar, autrement plus confortable.
La partie la plus pénible de l’opération consiste à ôter, des tôles émaillées décoratives, la surcouche de peinture verte au-dessus du compartiment de 2e classe, et les deux surcouches au-dessus du compartiment de 1re classe (la première verte, lors du déclassement, la seconde rouge lors du reclassement). S’agissant de lui redonner son aspect d’origine en préservant le revêtement émaillé, il a fallu procéder très patiemment avec du gel décapant chimique.
L’aménagement intérieur n’est pas traité, à l’exception des pièces du plafond qui sont décapées et repeintes en blanc.
En 2009, ce travail est complété par l’échange des essieux au profit d’essieux modernes dotés de boîtes à rouleaux, plus fiables et faciles d’entretien que les boîtes à huile.
Une retraite historique active
D’abord seule remorque dans une formation de trois voitures, elle peut être renforcée à 4 voitures par l’adjonction de la remorque de 1re classe de la rame grise puis, à partir de 2016, par une sœur presque jumelle : la ABm.29.
Par deux fois, notre voiture mixte ABm.5 a eu le privilège de voyager en Baie de Somme, pour les fêtes de la vapeur de 2013 et 2016.
Rénovation intérieure complète
De retour de la Baie de Somme 2016, l’équipe décide de rénover l’intérieur de la voiture, qui restait globalement dans l’état de 1981 auquel c’étaient ajoutées les affres du temps et de son séjour en extérieur à la casse.
Toutes les banquettes sont déposées, poncées et vernies.
Les montants intérieurs sont décapés jusqu’au métal et repeints.
Les mains courantes, les porte-chapeaux, les poignées, les serrures… sont déposées et nickelées.
L’opération est menée de manière intensive durant tout l’été !